Sollicité par nos soins, Thierry Coste, le conseiller politique de la Fédération Nationale des Chasseurs, a bien voulu répondre à nos questions au sujet de la campagne de communication télé de cette dernière.
Chasse Passion : Depuis 27 avril la FNC a lancé une campagne de communication télévisuelle sur les plus grandes chaines nationales. Quels sont les objectifs de cette campagne ?
Thierry Coste : L’objectif est simple et très facile à comprendre. Nous devons parler à l’opinion publique, en nous adressant au plus grand nombre. La télévision est un excellent support pour interpeller le grand public pour montrer que la chasse est une passion nature qui donne du bonheur à celles et ceux qui s’y adonnent, et qui peut être partagée par tous avec le même plaisir.
Pendant trop longtemps, nous avons considéré que pour vivre heureux, il fallait vivre caché. Soyons honnêtes de reconnaitre que cette stratégie a été payante, non pas parce que nous avons des choses à cacher, mais parce que nous étions contents de vivre entre nous en préférant aller dans les bois plutôt que sur les plateaux TV et radios.
Hélas, nos opposants, qui sont des groupuscules soutenus par des peoples, ont pratiqué la stratégie inverse, en occupant tout l’espace médiatique comme lanceurs d’alertes, en proférant des mensonges énormes et en offrant des tribunes médiatiques aux Bardot, Hulot, Bougrain-Dubourg et consorts. Après 20 ans de cette stratégie opposée, on voit le bilan avec des anti tout qui ont pignon sur rue dans les médias, et nous qui passons notre temps en défensive.
La FNC, son président Willy Schraen et tout le CA ont décidé une fois pour toute de franchir le rubicon et de mettre un terme au monopole de nos opposants dans les médias et dans les réseaux sociaux.
Nous avons juste 20 ans de retard à rattraper, mais nous avons une chance formidable. Le besoin de nature et de campagne revient au grand galop chez nos concitoyens et la Covid l’a parfaitement montré.
A nous de changer nos méthodes de communication et d’apparaitre comme nous sommes dans la vraie vie. Nous sommes des gens heureux, fiers de nos passions et prêts à les expliquer et à les partager. Pour cela, il faut donc arrêter de parler uniquement à nos opposants et enfin nous adresser à tous nos concitoyens qui sont loin de partager tout ce qui s’écrit comme « conneries » dans les réseaux sociaux.
Les gens sont bien plus intelligents qu’il n’y parait et le bourrage de crâne pratiqué par nos ayatollahs Verts fonctionne de moins en moins.
Nous partons à la reconquête et c’est un travail de longue haleine qui est plus facile dans la PQR que dans les médias nationaux et qui va nécessiter une détermination sans faille.
Dans la réalité, il faut aussi que tous les chasseurs de France, avec ou sans validation annuelle, ce qui représente 4 millions de nos concitoyens, s’assument clairement comme des ambassadeurs au quotidien de la chasse. Il ne faut plus avoir la chasse honteuse et il faut faire de la pédagogie et de l’information. Les gens ont besoin que l’on explique la chasse, car ils n’ont plus de contacts directs avec des chasseurs comme avant. Acceptons de faire cet effort et nous gagnerons la bataille de l’opinion beaucoup plus vite que prévu.
Ce n’est pas une réponse à la campagne d’affichage de la Fondation Brigitte Bardot, je suppose, dans la mesure où une telle campagne TV se prépare de longs mois à l’avance ?
La réponse est dans la question. C’est une stratégie lancée il y a plus d’un an et il faut des mois de préparation. Si vous étiez bien informé sur ce que raconte en interne nos opposants, vous découvririez que c’est le contraire. La campagne débile de la Fondation Bardot est bêtement la réponse très lente de Bardot à la dernière campagne de la FNC sur « Les chasseurs, premiers écologistes de France ». Ils n’ont toujours pas digéré cette excellente opération de communication qui porte encore ses fruits. Mais comme ils sont revanchards, frustrés et sans humour, ils fallaient qu’ils réagissent. Les mêmes du côté de la LPO ont trainé la FNC au tribunal parce que nous avons « osé » utiliser un rouge gorge sur une affiche de campagne. C’est rassurant de voir que la bêtise n’a pas de limite chez eux et qu’ils ne respirent pas le bonheur.
Peut-on parler de coût ? Entre la réalisation et la diffusion à combien revient cette campagne ?
Aucune idée mais tout est très transparent à la FNc, avec vote des budgets par le CA et l’AG. Et on peut remarquer que nous avons toujours de très bons professionnels qui veulent agir avec nous avec des tarifs raisonnables parce que nos combats motivent et qu’ils sont sympas.
Pas d’armes, ni de gibiers morts dans le spot court pour respecter le cadre légal de la publicité, que réponds-tu à ceux (surtout parmi nos opposants) qui trouvent cette campagne trop « lisse » ?
Pourquoi voulez-vous vous occuper de ceux qui nous détestent, c’est le travers que nous avons eu pendant trop longtemps. Moi j’en ai rien à foutre de ce qu’ils pensent. Lorsque je vois les retours très positifs de gens qui ne sont pas chasseurs, je me dis que l’opération est déjà une réussite, mais c’est une goutte d’eau qu’il faut transformer en ruisseau puis en fleuve.
Pour répondre sur le cadre légal, si nous avions mis des armes et du gibier mort, le spot ne serait jamais passé alors on essaie juste d’être malin et notre bonheur se lit sur les visages, avec ou sans armes. Et notre belle arme de séduction massive est double, c’est la nature et nos chiens.
Faut-il s’attendre à une riposte cinglante des anti-chasse, qui, on le sait, ne manquent pas de moyens ?
Il ne faut jamais sous estimer nos adversaires, mais à côté de la com’ plutôt gentille et grand public du moment, nous passons aussi à l’offensive de façon beaucoup ferme, devant les tribunaux et sur les réseaux sociaux. Nous n’avons plus l’intension de laisser les blaireaux dirent n’importe quoi et c’est la bonne ligne politique que défend Willy Schraen et son CA depuis son arrivée. Nous considérons enfin que face à nos adversaires la meilleure défense, c’est toujours l’attaque. Voilà une démarche rassurante qui va faire mal à nos donneurs de leçons qui ne supportent pas les critiques.
Ils ont des moyens conséquents parce qu’ils bénéficient encore trop souvent de subventions et parce qu’ils ont des mécènes souvent étrangers. A nous de demander à nos grands chasseurs du CAC 40 de contribuer à la défense de leur passion. A ma connaissance, ils ne sont pas très généreux de ce côté-là et nos adversaires sont plus efficace.
Cette campagne de communication est-elle également un message envoyé aux candidats, ou futurs candidats à la présidentielle 2022 ?
Cela sera utile pour les régionales, les départementales et la présidentielle, mais c’est surtout utile pour nos concitoyens qui doivent voir la chasse différemment. Nous avons encore beaucoup de boulot et il faut être modeste sur l’influence de tel ou tel outil de com’. C’est une stratégie d’ensemble qui nous fera gagner.
Et n’oublions jamais que si nous avons des adversaires partout, quelles que soient les obédiences politiques, la force de la chasse française a toujours été d’avoir aussi des amis partout. Et l’actuel Président de la Republique assume totalement sa proximité avec le monde de chasse avec des réformes courageuses et utiles comme le permis à 200 euros. Emmanuel Macron avait d’ailleurs expliqué clairement au congrès de la FNC que pour lui la chasse n’était ni un sport, ni un loisir, mais un mode de vie. Et cette vision est partagée par des parlementaires de toutes les sensibilités politiques, hormis chez les amis de Jean-Luc Mélenchon et par la majorité des présidents de région.
C’est au prix de ce dialogue permanent avec tous que la chasse restera un véritable acquis de la Révolution et donc un loisir populaire.