Si vous êtes ici, sur Chasse Passion, c’est que nous avons une passion qui nous anime, une même passion qui nous unit. Cette passion qu’est la chasse bien entendu, nous la vivons depuis aussi loin que nos souvenirs remontent.
Nous avions 3 ans, 4 ans ou bien 6 ans, difficile à dire. Le premier souvenir qui nous vient à l’esprit ce sont ces demi-journées de chasse passées aux côtés du paternel et du chien de la famille. Oui des demi-journées, parce qu’une journée complète aurait fait trop pour notre âge, c’est dire si nous étions jeunes.
Avec insistance et persévérance, nous avons eu le droit d’accompagner la chasse durant toute une journée, et même mieux, de participer à la journée d’ouverture de chasse, en septembre ! Car oui, dans l’esprit de nos anciens, cette journée un peu trop « chaude » et giboyeuse était peu recommandée pour les enfants. Le petit gibier se raréfiant, le problème s’est réglé de lui-même pour les nouvelles générations en fait…
LA CHASSE ET L’AMOUR DES SENS
Aujourd’hui, si nous devions résumer ce qu’est la chasse, nous dirions ceci : la chasse c’est l’amour des sens.
Chacune des odeurs de mère Nature n’évoque-t-elle pas en vous un souvenir ou un désir ? L’odeur humide des sous-bois d’automne, l’odeur d’un étang un peu vaseux, mais annonciateur d’une féérique passée aux canards, ou d’une bonne nuit de hutte, l’odeur d’une froide journée de décembre, l’odeur du gibier quand vos ainés dépeçaient un chevreuil, l’odeur de l’huile 3 en 1 qu’utilisait votre grand-père pour nettoyer son vieux simplex, l’odeur de cette vielle veste en coton huilé, avec laquelle vous étiez toujours mort de froid, que sais-je encore ?
La vue, la vue de votre territoire de chasse qui se découvre à travers la vitre de la voiture en arrivant, la vue du rendez-vous de chasse qui se rapproche, la vue des premiers camarades de chasse…. Ah, encore une belle journée qui s’annonce. Rapide coup d’œil, cette haie ou votre épagneul passe tant de temps, et d’où peut jaillir tout et n’importe quoi, est toujours là, cette allée forestière dont on ne voit pas le bout et qui laisse passer les premiers rayons matinaux du soleil, cette plaine aussi, cette plaine ou tant de perdreaux aiment à partir en retour, on ne sait pourquoi d’ailleurs. Le plus beau territoire de chasse n’est-il pas celui de notre enfance ?
L’OUÏE UN SENS ESSENTIEL A LA CHASSE
Que dire de l’ouïe, sens ô combien essentiel chez un chasseur… Nous nous souvenons de notre beagle, au nez tout simplement incroyable, et qui aura bercé pendant 10 ans toutes nos chasses, ou presque. Rien que de repenser à ces menées, jamais trompeuses, et à ces heures passées à tenter de récupérer notre chien, touche notre cœur au plus profond. Mais notre écoute a bien d’autres fonctions à la chasse, outre entendre le son des cornes de chasse et comprendre ce qui se passe ainsi dans la battue, vous souvenez-vous de ce bruit de branches cassées timidement, ou au contraire de ce vacarme, juste avant qu’un sublime cerf 16 cors jaillisse à 10m de vous. Pétrifié, vous serrez alors la main de votre père et ne pouvez vous empêcher de dire combien c’est magnifique. Un souvenir gravé.
Plus petit, mais qui vous fait tout autant grimper le palpitant, le sifflement des ailes des canards qui tournoient au-dessus de vous avant la pose. Souvent d’ailleurs, vous les entendiez mieux que votre père, ou que votre grand-père. Il y a aussi des cris qu’on ne voudrait plus jamais entendre, celui d’un chevreuil blessé par exemple. C’est sans doute ce cri qui fera de vous le chasseur que vous êtes, un chasseur respectueux qui saura retenir son coup de fusil, car il n’est pas sûr de pouvoir prélever ce beau brocard dans les meilleures conditions.
LA CHASSE ET L’ÉCHANGE
La parole, ou plutôt cette extinction de voix à force d’avoir hurlé « à la houe devant » toute la journée ou « là, là les chiens là » ! À la chasse on donne tout. On raconte aussi, et cela est valable dans n’importe quel domaine, bien que nous ayons souvent tendance à en raconter toujours un peu plus que ce qui ne s’est passé réellement. La voix c’est aussi les histoires de chasse de nos grands pères, chasse d’antan que nous ne reverrons plus hélas. Retenons-les.
Pour finir le toucher. Du poil rêche de votre vieux et attendrissant griffon korthals, à celui de ce chevreuil endormi pour l’éternité que vous caressiez à l’âge de 8 ans afin de le découvrir. Ce vieux rituel consistant à passer votre main sur la crosse de votre fusil afin de s’assurer qu’aucune aspérité ne soit apparue. Tout comme la parole il y a des moments où nous perdons aussi ce sens, ce moment où vous bénissez le seigneur que les 3 coups longs de fin de traque viennent délivrer vos mains glacées et engourdies.
NOUS CHASSERONS TOUJOURS
Mesdames, Messieurs, chasseurs et chasseresses de France et de navarre, combien d’activités vous offrent l’occasion de mettre en éveil autant de sens, sans parler des émotions que cela procure? Joie, peine, angoisse, attente, peur même parfois, la chasse n’est qu’un enchevêtrement d’exaltations modifiant pour bons nombres d’entre nous jusqu’au cours même de notre vie. N’ayons pas honte d’être chasseur, au contraire soyons-en fier. Notre passion ne disparaitra jamais, restons unis et lucides quand à sa pratique. Bonne chasse.