Une journée de chasse ne peut se terminer sans une présentation du tableau, quelle que soit son importance. C’est la façon de rendre un dernier hommage au gibier, petit ou grand, avant qu’il ne devienne venaison.
Ce rituel consiste à exposer les animaux morts, toujours dans une position favorable afin qu’ils recueillent le respect que tout chasseur digne de ce nom, doit leur témoigner. Au-delà de la légitime émotion que chacun doit ressentir après avoir volontairement enlevé la vie à un animal sauvage, il s’agit, dans un geste décent, de saluer une dernière fois l’adversaire vaincu. C’est la reconnaissance et l’acceptation de l’acte conscient du chasseur prédateur.
Dans ce que les opposants à la chasse voient comme une hypocrisie rétrograde, le chasseur contemporain y puisera une valeur didactique, comme le faisait les peuplades anciennes, pour qui la vie prise à l’animal allait leur permettre de continuer la leur. Aujourd’hui, bien que d’indéracinables préjugés restent ancrés dans les esprits, il convient, partout, de saluer et d’inciter cette pratique…
Pour le grand gibier, les règles à respecter sont relativement simples. Si le tableau est conséquent, les animaux seront déposés sur le côté droit et sur un lit de branchage chaque fois que cela sera possible, têtes dirigées vers les chasseurs. L’ordre sera décroissant en partant du fond et de la gauche. On commencera par les grands cervidés (mâles, femelles et faons), puis les daims, les chevreuils et les sangliers. Pour ces derniers, une autre présentation est possible : ils peuvent être alignés « mort debout », c’est à dire couchés sur le ventre, pattes écartées afin qu’ils gardent la position.
Seuls les grands animaux mâles recevront la « dernière mangeure » ou dernière bouchée. Il s’agit d’une brisée symbolique d’essence noble qui sera placée dans et en travers de la bouche. Ensuite, sur chaque animal, mâle et femelle, une brisée de « prise de possession » sera déposée à la naissance de l’épaule. Pour les mâles, l’extrémité cassée sera orientée du côté de la tête et pour les femelles la partie cassée sera du côté corps, vers l’arrière.
Pour le petit gibier à poil, il en sera de même. Toujours en partant du fond et à gauche, on placera les lièvres et ensuite les lapins sans distinction de sexe. Enfin pour les animaux à plumes, dans cet ordre, seront positionnés les coqs faisans puis les poules faisanes, les perdrix, les pigeons et les cailles. On procèdera de la même façon pour le gibier d’eau, toujours dans un ordre décroissant, sauf s’il est prévu une présentation verticale. Dans ce cas, les animaux seront accrochés par le cou, ventre tourné vers l’extérieur.
Si, au cours de la battue, quelques prédateurs ont été tués, ils seront placés à l’extrême droite du tableau noble. Le gibier ainsi présenté ne sera jamais enjambé. Les autorités (président, adjudicataire et directeur de chasse) se placeront sur le flanc gauche. Le chef de traque et les traqueurs accompagnés au moins de l’un de leurs chiens seront sur le flanc droit. Les sonneurs de trompe ou de cor, s’il y en a, seront derrière le tableau et les chasseurs devant. Si un conducteur de chien de sang est intervenu pour rechercher un animal blessé, il sera invité à se mettre, avec son chien, du côté des traqueurs, à la droite du chef de traque.
La remise de la brisée
Dans certaines régions, la présentation du tableau est commentée par le président ou directeur de chasse. Après la rétrospective de la journée de chasse, il invitera chaque chasseur, auteur d’une pièce, à venir le rejoindre.
Il commencera par le plus petit pour terminer par le plus grand. Il rompra alors un rameau de la brisée de l’animal, le placera sur un chapeau, un couteau ou une dague et le lui remettra. Le chasseur le prendra de la main gauche, remerciera et accrochera le rameau à sa propre coiffe. Dans le cas où l’animal a fait l’objet d’une recherche avec un chien de sang, le chasseur cassera son rameau de brisée en deux et ira, après en avoir fait la demande au conducteur, la partager et la glisser dans le collier du chien, remerciement symbolique à celui qui lui a permis d’être à l’honneur. Si des fanfares sont sonnées par les trompes, elles pourront être applaudies, sauf la fanfare « des Honneurs »
Notez que ces règles varient quelques fois d’un département à l’autre et qu’il est nul besoin de juger ou critiquer ce que fait notre voisin tant que le respect du gibier et rendu.