Que l’on soit tireur sportif ou chasseur, chasseur de petit ou de grand gibier, lorsque l’action arrive ร son point culminant, la question du tir se pose. Bien รฉvidemment, les chasseurs ร l’arc ne seront pas concernรฉs par cette brรจve qui permettra, on l’espรจre, d’en savoir un peu plus sur ce petit รฉlรฉment dont on parle assez peu sur nos douilles, mais qui fait pourtant toute la diffรฉrence : l’amorce.
L’amorce est ce petit rond qui va entrer en contact direct avec nos percuteurs et qui permettra de lancer le processus par lequel la balle ou la gerbe de plomb sera expulsรฉe des canons. Elle n’a pourtant pas toujours connu cette forme puisque depuis plus de 300 ans ce terme dรฉsigne ยซย un appareil pyrotechnique permettant de dรฉmarrer un processus explosifย ยป.
On parle ici de processus explosif puisque l’amorce pouvait servir ร allumer un pรฉtard, ร dรฉbuter la mise ร feu d’une fusรฉe et bien รฉvidemment ร tirer un coup de feu. Le terme d’amorce en ce qui concerne les armes ร feu รฉtait tout d’abord utilisรฉ pour dรฉsigner la poudre qui permettait de tirer avec des fusils porteurs de platines ร silex. On retrouve la premiรจre trace officielle du terme dans le Dictionnaire de l’Acadรฉmie Franรงaise en 1692 et l’amorce en question รฉtait placรฉe dans le bassinet de la platine ร silex.
La poudre ร canon a donc รฉtรฉ, de fait, le premier type d’amorce qui a รฉtรฉ utilisรฉ par l’homme pour dรฉbuter une mise ร feu. Si ce fut la technique utilisรฉe pendant trรจs longtemps par les militaires sur les champs de bataille jusque sous l’รจre Napolรฉonienne, le procรฉdรฉ รฉtait assez capricieux et trรจs sensible ร l’humiditรฉ, ce qui dรฉbouchait sur de nombreux tirs ratรฉs.
C’est lorsque Claude-Louis Berthollet, un chimiste savoyard, dรฉcouvre le fulminate de mercure en 1788 que la donne va changer et que la conception de l’amorce va se modifier.
Les militaires comprennent qu’ils peuvent se servir du fulminate de mercure comme d’une amorce bien plus facilement que de la poudre ร canon et dans les annรฉes 1830, ces derniers utilisent le fulminate, qui se prรฉsente sous la forme d’une poudre de couleur blanche grisรขtre, dans des petites capsules mรฉtalliques comme systรจme de mise ร feu des munitions. L’amorce moderne รฉtait nรฉe.
Au niveau du fonctionnement, peu de choses changent pour le tireur et si la manลuvre utilisรฉe avec la poudre consistait ร gรฉnรฉrer une รฉtincelle avec une pierre ร silex lorsque l’on pressait la dรฉtente, dรฉsormais il suffit de frapper ร l’aide d’un chien ou d’un percuteur la capsule renfermant le produit concernรฉ. Ce systรจme est devenu bien plus fiable que l’ancien et cela mรชme sous de fortes pluies.
Il faudra attendre 1932 pour que la dรฉfinition de l’amorce soit simplifiรฉe dans le dictionnaire par l’Acadรฉmie Franรงaise et le mot dรฉsignera dรฉsormais le systรจme explosif permettant la mise ร feu d’un canon, d’un fusil, etc. ou ร lancer l’explosion d’un dispositif pyrotechnique.
Le fameux fulminate de mercure va รชtre utilisรฉ comme amorce de quasiment toutes les munitions jusqu’ร la fin de la Seconde Guerre car il n’รฉtait pas aussi corrosif que d’autres produits utilisรฉs dans la conception des amorces. Remington en a d’ailleurs fait un argument de vente principal de sa gamme de munition ยซย Kleanboreย ยป de l’รฉpoque.
Depuis cette pรฉriode, d’autres produits ont remplacรฉ le fulminate de mercure dans les amorces pour des produits moins toxiques. Les fabricants rivalisent d’ingรฉniositรฉ pour crรฉer de nouvelles amorces plus rapides, plus รฉcologiques et plus performantes pour garantir une munition efficace que ce soit lors d’une action de chasse ou un tir sportif.