Les chasseurs sont tous passionnés de chasse en général mais nous avons tous des pratiques qui nous font vibrer plus que d’autres. Pour certains il s’agit de la hutte, pour d’autres le tir d’été ou encore la palombière. Dans cette multitude de pratiques cynégétiques il existe le monde des bécassiers, chasseurs discrets de la belle mordorée, ces derniers font assez peu de bruit sur la place publique et pourtant, un procès verbal réalisé dernièrement par l’Office Français de la Biodiversité a suscité la colère de ces derniers.
Un procès verbal qui met le feu aux poudres.
Sur la page Facebook des Bécassiers de France, le Président de l’association Pascal Repiton a récemment posté un message concernant un procès verbal établi par l’OFB à l’encontre d’un de ses adhérents.
Le procès verbal a pour objet « l’utilisation d’un engin et/ou mode prohibé » pendant une chasse à la bécasse à cause de l’utilisation d’un collier GPS.
La sanction est jugée abusive par les bécassiers car l’utilisation d’un collier GPS ou d’un beeper n’est pas interdite pour la chasse de la bécasse et c’est donc l’incompréhension.
La procédure n’ira probablement pas plus loin pour autant car, ne voulant pas se lancer dans une procédure complexe et coûteuse à l’encontre de l’OFB, le chasseur visé a préféré payer l’amende et se taire.
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Cette manière de s’en prendre aux bécassiers sur des raisons infondées à tout de même suscité l’agacement de l’association qui alerte sur les contrôles pratiqués par l’OFB et le flou juridique qui encadre ces procès verbaux.
Explications du Président des Bécassiers de France.
Contacté par téléphone, Pascal Repiton a accepté de nous éclairer sur cette histoire qui fait réagir sur les réseaux sociaux et inquiète les passionnés de la bécasse.
« Le point central qui pose problème dans cette histoire n’est pas l’utilisation ou non du collier GPS ou du beeper puisque l’arrêté ministériel autorise l’utilisation de systèmes électroniques pour chasser la bécasse. Que l’on soit pour ou contre est un autre débat car l’éthique vient aussi jouer son rôle et chacun voit midi à sa porte.
Les bécassiers préfèrent d’ailleurs souvent utiliser le GPS qui permet de chasser en toute sécurité avec son chien que d’utiliser le beeper. Le beeper peut effrayer l’oiseau qui reste prostré tant que le chien est à l’arrêt, ce qui gâche toute la chasse de ce migrateur.
En revanche, l’utilisation du GPS dans une zone dangereuse comme en montagne ou à proximité de nombreuses routes permet de savoir ou va son chien si on le perd. L’intérêt n’est pas de localiser l’oiseau mais bien de s’assurer que son chien peut chasser en toute sécurité.
Ces deux outils sont autorisés à la chasse de la bécasse et ce n’est pas là dessus que les sanctions peuvent pleuvoir. Ce qui est problématique, c’est l’utilisation de la cartographie sur les GPS. Il est en effet interdit de chasser en permanence avec une cartographie des lieux tout en suivant son chien, ce mode est présent sur les GPS mais doit être désactivé par le chasseur s’il n’est pas en train de chercher son chien.
Moi même il m’est arrivé d’utiliser la cartographie à la chasse, mais pas pour chasser, j’étais simplement perdu et je cherchais à quitter la pampa comme tout le monde peut le faire depuis sa voiture lorsqu’on est perdu en ville.
Ce que ce chasseur aurait du faire, et ce que doivent faire les bécassiers à l’avenir, c’est de s’assurer de désactiver le fond de carte lors des actions de chasse et de bien le faire spécifier par l’agent de l’OFB sur le procès verbal afin d’éviter ce point litigieux en cas de contrôle.
Même si le chasseur sanctionnait respectait les règles, le fait qu’il ne l’ait pas fait remarqué à l’agent de l’OFB rendait la contestation difficile, même s’il n’avait pas payé l’amende de 200 euros.«
Le but n’est pas de créer une polémique.
A la question de savoir si le but de ce communiqué est de défendre l’usage de ce matériel, la réponse du président est très claire :
« La question n’est pas de savoir si on est pour ou contre le GPS ou le beeper ni de lancer une polémique. Ce qui nous préoccupe, c’est cette dynamique de l’OFB de vouloir ennuyer des chasseurs sur des points litigieux alors que les chasseurs se battent tous les jours pour l’environnement.
Ici en Isère on se mobilise pour le Coq de Bruyère, pour les comptages animaliers et même pour les chasses traditionnelles qu’il faut défendre et dans le même temps, l’OFB décide encore de mener ce genre d’actions. Il y en a assez que les chasseurs soient pris pour cible sur de tels sujets ou l’on joue sur le flou juridique pour verbaliser alors que les chasseurs respectent les règles. »
L’association ne pourra certainement pas donner suite à cette affaire sachant que le procès verbal a été réglé par le bécassier mais elle recommande à ses adhérents de faire appliquer la loi à la lettre et de contester si nécessaire une sanction qui serait jugée abusive tout en faisant notifier le moindre détail sur le PV.