Thierry Coste a accepté de répondre à mes questions, sur fond de polémique récente concernant sa collaboration, il y a quelques années, avec la Fondation Assistance aux Animaux, mais aussi sur ses relations avec Willy Schraen et l’avenir de la chasse française. Sans filtre, comme il me l’avait promis, Thierry Coste se livre au delà du cadre d’une simple interview et règle ses comptes avec des réponses qui n’engagent que lui seul, et dont Chasse Passion livre l’intégralité. Ses prises de position n’engagent en rien l’impartialité de notre média et encore moins notre jugement sur le travail de nos confrères et la profession.
Jacques Cheval : Une récente polémique a pointé du doigt ta collaboration avec la Fondation Assistance aux Animaux, franchement pas connue pour aimer les chasseurs. Peux-tu nous dire si cela est vrai, et surtout en quoi consiste ce travail que tu as réalisé pour eux ?
Thierry Coste : Si le site de chasse concurrent au vôtre avait fait son job, comme vous le faites, en me passant simplement un coup de fil, ils n’auraient pas pu écrire autant de conneries comme si moi je pouvais devenir anti chasse ou servir la cause des anti tout. Je comprends donc pourquoi ils ont oublié de me joindre après avoir lu un bref article dans le Canard Enchaîné. Ce dernier expliquait au contraire que les chasseurs et moi-même avions pris cette fondation pour des pigeons, ce qui était tout aussi ridicule et faux. Pour cet hebdomadaire satirique que j’adore par ailleurs, je suis régulièrement l’objet de polémiques sur ma façon de parler à l’oreille des 4 derniers Présidents de la République sur la ruralité, l’écologie et la chasse. C’est de bonne guerre, mais ils m’ont aussi fait une promo d’enfer comme le tombeur de Nicolas Hulot. Par contre ils n’oublient pas que mon métier de lobbyiste m’a conduit pendant 25 ans au service de présidents de certains régimes autoritaires en Afrique, en Asie et au Proche-Orient. J’ai toujours tout assumé dans mon métier de professionnel de l’influence, quitte à être détesté. J’ai toujours dit que je préférais être craint plutôt qu’aimé, et ça depuis 30 ans.
Finalement c’est sur la chasse et sur ma passion rurale que les médias sont presque les plus gentils, car ils me savent sincère connaissant tous mon passé de paysan franc comtois.
Par jalousie et par besoin d’exister, l’animateur de ce site nous déteste, Willy et moi. Il cherche depuis toujours à critiquer ce que l’on fait pour défendre la chasse et les chasseurs. Il a le droit d’écrire ce qu’il veut, mais là j’ai l’intime conviction qu’il a laissé la plume à un de ces amis lobbyistes encore plus frustré et jaloux contre moi depuis 20 ans. Un lobbyiste chasseur du boboland qui déteste que l’on puisse défendre la chasse populaire qui est pourtant notre seule force.
Pour la petite histoire, ce même animateur « franchement très léger » a fait la promotion de mon dernier livre fin 2024, en m’interviewant longuement sur son plateau. Il a passé en revue tous les chapitres de mon livre sur mon parcours de défenseur du monde rural et m’a confirmé avoir adoré le livre. Il a donc lu les 8 pages du dernier chapitre où j’explique pourquoi je travaille pour cette fondation de protection animale qui n’est pas anti chasse et que j’ai réussi à séparer définitivement des fondations comme celle de Brigitte Bardot, de 30 millions d’amis et des autres. Le journalisme est un vrai métier qu’il va falloir qu’il apprenne, si ce n’est pas déjà trop tard.
Dans le même temps, on te connaît pour être conseiller politique de la FNC. Certains médias, et beaucoup de chasseurs aussi, ont pointé du doigt l’ambivalence entre travailler pour le monde cynégétique et une association opposée à la chasse de l’autre. Que leur réponds-tu ?
Bien sûr lorsque j’ai rencontré il y a 8 ans, la présidente de la FAA, cette fondation signait toutes les pétitions anti chasse sous la pression de Brigitte Bardot pour avoir la paix. C’est un éminent professeur vétérinaire qui m’a demandé d’aider cette fondation qui n’était pas dans la culture anti tout. C’est la seconde fondation de protection animale de France en nombre de refuges et dispensaires pour chats, chiens et chevaux, avec 250 salariés. Elle gère aussi la ferme pédagogique du parc de Versailles et avait 50 chevaux là-bas. Elle avait beaucoup d’ennuis avec certains élus locaux, l’administration et la Cour des comptes pendant 10 ans. Me sachant lobbyiste des vétérinaires pendant 7 ans et précédemment pendant plusieurs années lobbyiste de la Société Centrale Canine (SCC) elle voulait que j’obtienne la fin de certains monopoles. C’est ce que j’avais obtenu avec les agriculteurs pour l’éleveur infirmier qui était sa motivation première. Très vite elle a rompu avec Bardot qui me désigne encore aujourd’hui comme le lobbyiste de la mort. Cette fondation a alors souhaité que je sois le facilitateur des relations avec l’Etat sur la souffrance animale (sans idéologie) notamment pour lutter contre les 100 000 abandons de chiens et de chats tous les ans. J’ai donc accepté avec plaisir de jouer mon rôle habituel auprès des pouvoirs publics, de l’Elysée et surtout des ministres comme Julien Denormandie, Gérald Darmanin et Marc Fesneau. L’objectif a toujours été avec ces ministres pro chasse et pro élevage de ne pas se tromper de cible tout en luttant contre la maltraitante animale. Cela m’a même permis de combattre au nom de cette fondation le parlementaire vétérinaire de la majorité présidentielle qui voulait interdire la chasse, la corrida et nuire à l’élevage, à savoir Loïc Dombreval.
J’ai toujours fait partie des personnalités du monde rural qui s’assument comme chasseurs et fiers de l’être et qui se revendiquent écologistes et respectueux de la bientraitance animale. Comme Willy et bien d’autres présidents de FDC, nous savons que diviser nos adversaires en travaillant avec les plus ouverts d’entre eux est la meilleure façon de gagner notre combat contre l’idéologie anti chasse et anti élevage. Dans presque tous mes débats médiatiques contre des opposants, et ce depuis 8 ans, j’ai toujours assumé face aux ayatollahs que l’on pouvait être chasseur et défenseur des animaux et de la biodiversité en citant mon travail pour cette fondation. Efficacité garantie pour faire taire ces blaireaux de salon.
Marianne a annoncé en début de semaine que tu étais reconduit, par le biais de ton cabinet de lobbying Accesyst, dans tes fonctions de conseiller auprès de la FNC pour un montant de 309 000 €. Est-ce vrai ?
En France, les journalistes ont souvent des problèmes avec l’argent et confondent un salaire qui est individuel et des honoraires qui sont versés à mon Cabinet pour que moi-même et mes 4 collaborateurs nous puissions travailler au service de nos clients. Marianne n’a donc rien découvert, car mes honoraires sont connus de tous et inscrits au budget de la FNC qui est présenté à l’AG. Par contre, je suis un peu frustré, car les journalistes ne me demandent jamais combien je fais rentrer d’argent directement dans les caisses de la FNC et des FDC lors des négociations politiques qui ont lieu depuis 20 ans. En plus de mon travail qui justifie légitimement des honoraires, les dirigeants de la FNC savent que j’ai toujours été un très bon chasseur de fonds publics pour le monde de la chasse, et je vous rassure sans prendre le moindre % d’intéressement aux résultats.
Combien de temps va durer ta prochaine collaboration ? Jusqu’en 2028, date à laquelle Willy Schraen devrait passer la main ?
Le sujet n’est pas combien de temps je vais rester, mais en quoi je suis utile pour notre noble cause. Tant que Willy, le bureau et le CA me font confiance, nous nous battrons ensemble au service de la chasse qui est notre passion. Je dois avouer que j’admire franchement Willy Schraen et que je suis heureux et fier de pouvoir l’accompagner depuis 8 ans. Il est totalement investi dans la cause chasse à titre bénévole à 100 % de son temps et pourtant il est fréquemment critiqué dans les réseaux sociaux. J’ai parfois honte du comportement de certains qui ne réussiraient pas le 100e de ce qu’il fait. Mais il sait plus que d’autres que l’amitié n’exclut pas la franchise et que l’on peut avoir des différences d’analyses sans que ce soit la fin du monde. Et je suis connu pour ne pas être un courtisan et parfois manquer de diplomatie avec mes amis.
On imagine que tes fonctions seront les mêmes qu’auparavant, mais pour nos lecteurs, peux-tu nous expliquer quelles sont tes missions ?
Mon métier consiste à parler aux politiques de tout bord, parlementaires, ministres, Premier ministre et Président de la République pour faire avancer tous les dossiers chasse du début à la fin. Nos sujets mettent parfois des années à avancer et Willy comme moi ne lâchons jamais rien. Comme tout le monde me connaît dans les politiques influents, j’ai cette chance d’être très respecté par les sur la chasse, l’écologie pragmatique et la ruralité. Il faut dire que je parle à tout le monde même à nos ennemis. C’est en cela que je peux aider la FNC dans ses négociations, car les portes ne se ferment jamais. Ma proximité personnelle avec les 4 derniers Présidents de la République a permis à la FNC d’être souvent mieux écoutée, quelle que soit l’étiquette politique du locataire de l’Elysée.
À côté, je suis un adepte de la création de collectifs que j’anime pour que la chasse ne se batte pas toute seule. C’est le cas sur les armes depuis 23 ans avec le Comité Guillaume Tell. C’est la même chose pour la cohabitation avec les autres usagers de la nature avec la création en 2021 de l’Alliance des Sports et loisirs de nature composée de 11 fédérations. Les objectifs sont de sauver la chasse populaire du dimanche, mais aussi et surtout d’établir un dialogue et une concertation permanente afin de trouver partout des solutions gagnant gagnant localement efficaces.
Ce sera aussi le cas d’ici peu avec le lancement du Cercle de réflexion et d’action Nos Campagnes qui réunira 500 personnalités du monde rural. Notre mission sera avec de nombreuses personnalités de parler à l’opinion publique grâce aux médias et aux réseaux sociaux en mettant en valeur toutes celles et tous ceux qui prouvent par des réussites que nos campagnes sont dynamiques et vivantes. Une reconquête du grand public pour mettre à mal l’écologie punitive et les technocrates qui nous emmerdent au quotidien dans nos territoires ruraux. Cette machine de guerre aura de nombreux relais parmi les chasseurs passionnés.
Avec Willy et le bureau de la FNC, j’essaie de faciliter les négociations et les compromis comme dans l’accord sur les dégâts avec le monde agricole et celui avec l’Office National des Forêts. J’ai toujours su parler à nos alliés comme à nos adversaires pour imaginer des compromis. C’est cette méthode efficace qui fait croire à certains journalistes un peu « étroits du bonnet » comme on dit chez moi, que je suis un traître à la cause. Face à nos adversaires et à la technocratie, notre vrai risque pour la chasse ce sont les divisions internes motivées par la jalousie, le sectarisme ou le simplisme des réseaux sociaux. Il y a encore pire avec ceux qui, en interne encore, veulent flinguer le monde fédéral au nom de la liberté et de la défense de la propriété pour les plus riches. De l’autre côté, on a des industriels du monde de l’arme et leur syndicat qui pensent à leur business de court terme plutôt qu’aux consommateurs que sont les chasseurs. Le sujet du plomb est le bon exemple européen de cette division stupide.
On supposait tes relations tendues entre toi et Willy Schraen depuis les élections législatives de l’année dernière où, on le rappelle, tu avais décidé de quitter précipitamment la liste fondée par le président des chasseurs. Finalement, cela semble ne pas être si mal. L’un d’entre vous a-t-il dû mettre de l’eau dans son vin ?
J’ai fait partie de ceux qui entre mars et octobre 2024 ont testé l’idée d’une candidature d’une liste rurale aux européennes, 20 ans après celle de CPNT dont j’étais le directeur de campagne. L’exemple de la brillante réussite de la liste rurale en Hollande en mars 2024 nous donnait à réfléchir sur le nouvel espace politique. Malgré cela, j’ai fait partie de ceux qui, depuis le début, avaient l’intime conviction que le risque était énorme de prendre à nouveau la température politique de l’électorat chasseur. Depuis 20 ans, nous exploitons à fond le filon des excellents résultats électoraux de Jean Saint Josse entre 1998 et 2002, sans jamais replonger dans la politique politicienne. D’ailleurs, Nihous le successeur de notre béarnais préféré a mordu la poussière à chaque fois sauf lorsqu’il était sur une liste d’un autre parti politique. J’ai donc très vite expliqué à Willy et à son entourage que nous allions la tête dans le mur, car en 20 ans le RN a fait main basse sur une part importante de l’électorat rural. De plus notre proximité avec le Président Macron et les bons résultats des réformes chasse depuis 2017 allaient nous coller une étiquette de liste de faux-nez de Macron censée piquer des voix au RN.
Willy me fait vraiment confiance depuis 8 ans, mais là il a pensé que j’étais à côté de la plaque sur l’analyse politique de l’électorat rural. Il n’a pas cru à mon analyse sur l’OPA du RN que je lui annonçais. Pourtant je sentais bien monter la colère dans nos campagnes autour du pouvoir d’achat et de l’après gilets jaunes, plutôt que sur La Défense de notre loisir.
Par amitié, je suis allé jusqu’au 5 décembre, jour du lancement de la liste « chasse » comme je m’y étais engagé. J’ai fait venir le maximum de journalistes politiques, ce qui a très bien fonctionné, car ils sont nombreux à bien me connaître. L’après-midi même, je me suis discrètement retiré en plein accord avec Willy sans aucune déclaration dans les médias. J’ai repris ma liberté et surtout la promotion de mon livre avec un tour de France pour dénoncer les technocrates et les élites qui luttent contre nos campagnes.
C’est 8 semaines plus tard que les mêmes journalistes ont fait le siège de mon bureau avec agressivité pour que j’explique pourquoi on ne voyait pas la liste de l’Alliance rurale sur les barrages des paysans. Là, j’ai accepté de parler seulement à 3 journalistes pour expliquer que je n’étais plus dans le circuit depuis longtemps. J’ai dû donner les raisons de mon retrait et cela a provoqué une énième polémique contre cette liste qui connaissait déjà des turbulences depuis un moment. Willy m’en a beaucoup voulu un bref instant, mais les journalistes qui me connaissent voulaient savoir. A l’AG de mars 2024, j’ai fait un mea culpa public, non pas sur mon analyse politique qui hélas s’avèrera exacte, mais sur mon excès de franchise qui provoque des dégâts collatéraux. On dit « qui aime bien châtie bien », mais j’aurais dû refuser de dire pourquoi j’étais parti. C’est donc moi qui ai mis de l’eau dans mon vin, car Willy ne méritait pas ça. J’ai ensuite insisté pour que Willy et Jean Lassalle profitent du retrait de l’autre liste ruralité pour mettre un terme à leur campagne avec une sortie honorable. Mais ils croyaient dans leur victoire. En discutant avec Bardella et son équipe, je sentais bien qu’il avait un côté rassurant pour les ruraux, entre le pouvoir d’achat et l’écologie punitive qui étaient ses thèmes de prédilection.
Mais je sentais aussi la montée du vote anti Macron qui risquait de faire de Willy un dégât collatéral.
De manière plus générale maintenant, je fais appel à ton expérience politique. Penses-tu que la chasse peut encore peser à quelque niveau que ce soit dans le domaine ?
J’ai la conviction que la chasse populaire a un véritable avenir devant elle, mais que nous allons devoir continuer à nous battre sans relâche, notamment à l’échelle européenne, car c’est là que notre quotidien de chasseur est encore et toujours menacé. La Commission européenne s’acharne contre nous en s’appuyant sur des textes du passé et notamment cette foutue directive Oiseaux qui pourrit nos chasses traditionnelles. Willy Schraen est convaincu à juste raison que nous ne sommes pas assez bien défendus à Bruxelles et qu’il va falloir changer de stratégie. Et les dernières élections européennes peuvent nous motiver, car l’écologie punitive devient enfin et pour la première fois l’épouvantail de la droite et de l’extrême droite.
Hélas c’est la technocratie qu’il faut combattre et pour cela, nous devons chercher à Bruxelles comme en France des alliés parmi les autres organisations rurales. Néanmoins l’autre bataille fondamentale est celle du renouvellement des chasseurs. On doit tout remettre à plat pour avoir demain plus de chasseurs qu’aujourd’hui. C’est possible, mais ça va demander une révolution interne et des mesures de simplification. C’est pourtant une priorité vitale, car notre force c’est notre nombre.
Nos opposants, toujours aussi structurés et prompts à nous attaquer de toute part (tribunaux, pétitions, violence verbale, voire physique, sabotage…), ne rencontrent jamais de réaction au plus haut sommet de l’État pour les défendre. Pourtant, chacun sait qu’un jour un drame va arriver sur le terrain. N’est-il pas temps d’agir ? Des spots télévisés sont-ils suffisants ?
La FNC combat pied à pied les opposants à la chasse et leurs comportements extrémistes. Nous ne sommes pas les seuls avec le monde agricole et nous commençons à avoir une écoute de plus en plus bienveillante du côté de la Gendarmerie nationale et des préfets. C’est un sujet sur lequel nous avançons à grands pas avec le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui nous aide beaucoup et c’est rassurant.
Cela étant les spots de publicité sont un autre outil, tout aussi utile, dans le registre totalement différent de la reconquête de l’opinion publique. Depuis 8 ans la FNC a enfin une stratégie grand public, en utilisant l’humour et les actions de protection de la biodiversité (haies, ramassage de déchets, etc.). Ce n’est pas l’alpha et l’oméga de nos combats, mais c’est tout aussi indispensable que de défendre nos chasses traditionnelles pied à pied contre les juges du Conseil d’Etat qui s’acharnent contre la chasse populaire.
As-tu des nouvelles de l’usage de l’acier ? Va-t-il devenir obligatoire sur tout le territoire à court terme ?
Depuis des années nous mobilisons les parlementaires, le gouvernement et l’administration qui représentent la France à Bruxelles pour obtenir un report de l’interdiction du plomb, car l’impact sur l’environnement est dérisoire en termes de pollution. Hélas la Commission européenne poursuit sa stratégie idéologique qui consiste à nuire à la chasse populaire de toutes les façons et le plomb est un bon moyen. Pourtant certains pays viennent de remettre en cause leurs propres interdictions du plomb suite au constat de dangerosité des munitions de substitution et notamment de l’acier. Il y a des échéances qui arrivent dans les négociations européennes et nous poursuivons la mobilisation. Mais là comme ailleurs, le lobby européen des industriels de l’armement de loisir est frileux et donne des arguments à la Commission pour une interdiction à court terme. Il faut reconnaître que certains fabricants de fusils de chasse se disent qu’il y a de nouveaux marchés auprès des chasseurs si l’interdiction du plomb s’applique vite. Nous dénonçons cette posture de marchands, car nous perdrons de nombreux chasseurs s’ils ne peuvent plus utiliser leur fusil actuel qui ne supporte pas l’acier. Peut-être que le contexte actuel de crise avec l’urgence de mobiliser les industries de La Défense va faire prendre conscience à l’Europe qu’il y a d’autres priorités que l’interdiction du plomb dans les cartouches de chasse.
Si l’Europe a pris une décision de relatif bon sens en déclassant le loup en tant qu’espèce « protégée » au lieu de « strictement protégée », on sait aussi qu’elle s’est de nouveau attelée à son cheval de bataille, à savoir la chasse du gibier d’eau. La Task Force Recovery of Bird semble vouloir, au mieux, un système de quotas, au pire un moratoire sur le souchet, la sarcelle et le pilet. As-tu des infos ?
Hélas même sur le loup, je suis inquiet de la lenteur des effets du déclassement qui pourtant est une très bonne chose. Il faut que cela se traduise dans les faits en France en assouplissant les règles de tirs et en augmentant très significativement les quotas. On se trompe sur le nombre de loups dans notre pays et on a donc 10 ans de retard pour réguler la population de loups. Je plaide depuis des années pour que l’on diminue de façon très forte la densité de loups, car on est en train de détruire l’élevage dans nos montagnes. Et sans éleveurs en estive, s’en est fini de la biodiversité. Idem pour la faune sauvage qui paye un lourd tribut. Je chasse en haute montagne dans les Alpes et les loups sont partout. Il faut tirer 300 à 400 loups par an pendant 3 ans pour ramener la population de loups à être compatible avec l’élevage en montagne. Il faut aussi supprimer des meutes entières dans des zones d’estives, car les bergers vivent un enfer au quotidien.
Pour le gibier d’eau, l’Europe a la même culture d’acharnement que pour le plomb. Elle veut imposer des moratoires et des quotas partout alors même que certaines populations concernées ne sont pas du tout menacées. Si nous avions confiance et que l’on peut revenir en arrière lorsqu’une population va mieux, on pourrait discuter. Mais la ligne politique de la Commission est la culture du cliquet. On ne revient pas en arrière et c’est scandaleux. C’est la raison pour laquelle la FNC s’est engagée avec des régions pour mettre en place des radars, car on ne connaît pas bien les populations de migrateurs et les évaluations des ONG sont souvent fausses. Ce sujet est pour la FNC et nos organisations européennes un combat permanent, car nos adversaires sont très actifs. Et à cela s’ajoute les contraintes sanitaires liées à la grippe aviaire.
Fin de l’interview, merci à Thierry Coste d’avoir répondu à nos questions.