One Voice a obtenu la suspension d’une nouvelle chasse traditionnelle auprès de la justice

Une nouvelle fois, l’association anti-chasse One Voice a obtenu la suspension d’une chasse traditionnelle auprès des tribunaux. Il s’agit de la chasse aux tangues qui est pratiquée à La Réunion qui devait ouvrir au 17 février mais qui finalement n’ouvrira probablement pas ce mois-ci.

La chasse aux tangues suspendue jusqu’à la publication d’un nouvel arrêté.

Sur l’île de La Réunion, la chasse aux tangues est une tradition très ancrée. Si en Métropole, nous ne connaissons qu’assez peu cette chasse traditionnelle, cela n’empêche pas les associations animalistes de s’y attaquer sur les mêmes bases que certaines de nos chasses continentales.

La période officielle décidée par la préfecture était tout d’abord du 17 février au 15 avril. Durant la saison, les chasseurs de tangues pouvaient partir en pleine nature avec leurs chiens 3 jours par semaine pour tenter de dénicher le petit mammifère.

L’ouverture sera au minimum reportée car le tribunal administratif de Saint-Denis a décidé de donner raison à l’association One Voice qui demandait la suspension de la chasse aux tangues jusqu’à nouvel ordre.

Le motif retenu à cette suspension est que l’arrêté préfectoral n’est pas accompagné « d’une note de présentation suffisamment complète en ce qui concerne le contexte et les objectifs de la chasse aux tangues ».

Déjà les années précédentes, les animalistes avaient attaqué les arrêtés concernant la chasse aux tangues en se basant sur le fait que d’ouvrir la chasse sur cette période ne rentrait pas dans le cadre « des dispositions du code de l’environnement contraires au principe législatif visant à la protection des portées et des petits de tous mammifères ».

Le juge a donc décidé de suspendre l’arrêté préfectoral en considérant que des femelles risquaient d’être encore en gestation et que des juvéniles ne seraient peut-être pas encore sevrés. Une décision relativement étonnante car les chasseurs capturent les tangues à l’aide de leurs chiens mais ne chassent pas au fusil, ils ont donc tout le loisir de sélectionner les animaux qu’ils peuvent ou non chasser.

Malgré tout, cette chasse est pour le moment suspendue et un nouvel arrêté est en cours de préparation pour une ouverture possible au 02 mars. Il faudra tout de même s’attendre à une nouvelle attaque en justice de la part de One Voice qui va assurément s’en prendre au prochain arrêté préfectoral dès sa parution.

C’est quoi un tangue?

Pour ceux qui vivent en France hexagonale et qui ne connaissent pas du tout le tangue, il s’agit d’un petit mammifère dont la taille varie de 30 à 40 cm environ. Les plus gros individus peuvent peser jusqu’à 2 kg et ressemblent un peu aux hérissons. Si son pelage peut faire penser à son cousin épineux, le tangue ne possède en réalité qu’une crête épineuse autour de la nuque.

C’est un animal omnivore qui consomme aussi bien de petits animaux que des insectes mais aussi des fruits et des végétaux.

Le tangue a été introduit depuis Madagascar sur l’île de La Réunion au début des années 1800 et est aujourd’hui présent sur toute la surface de l’île. Sa reproduction est prolifique car une femelle peut donner naissance à une trentaine de petits après 60 jours de gestation.

En surnombre, le tangue peut devenir un problème pour la biodiversité locale comme ce fut le cas aux Seychelles ou son impact a été observé sur les populations de reptiles et de mollusques.

Il est également connu comme vecteur de leptospirose et les chasseurs qui le traquent sont donc invités à faire vacciner leurs chiens.

La chasse aux tangues est une chasse silencieuse ou il suffit de partir en pleine nature avec de quoi creuser, des chiens et un sac. L’animal est très apprécié en cuisine car si le tangue était auparavant le plat du pauvre, sa chasse comme sa consommation sont aujourd’hui devenus de véritables institutions.

Les chasseurs n’iront donc pas chasser le tangue à la mi-février mais sur l’île de La Réunion, beaucoup déplorent le fait qu’avec moins de chasseurs sur le terrain, le champ soit totalement libre pour les braconniers qui commercialisent ensuite leurs prises, et cela dans le mépris total de la législation ou de l’éthique…