Les Écologistes veulent-ils séduire les agriculteurs ou les remplacer?

Depuis quelques temps, les verts essaient de renouer le dialogue avec les agriculteurs mais les choses sont peut-être un peu trop ostentatoires pour être sincères. Dans l’intervalle de quelques jours, des représentants écologistes se sont pressés auprès des agriculteurs dans plusieurs régions pour redorer le blason d’un parti politique pourtant connu pour taper régulièrement sur le monde agricole.

Les Écologistes passent de « l’agribashing » à « l’agri-love ».

On sait que dernièrement, EELV a décidé de se refaire une beauté et de changer de nom pour se faire appeler tout simplement « Les Écologistes ». Ce changement de nom s’accompagne visiblement d’un changement d’idéologie en ce qui concerne les agriculteurs qu’ils essaient désormais de se mettre dans la poche.

Depuis la semaine dernière, plusieurs élus et représentants des verts se ruent vers les agriculteurs pour travailler leur image.

Dans l’Aisne, en Gironde, et en Bretagne, les verts se sont rendus dans les fermes, les élevages ou les exploitations de plusieurs agriculteurs depuis le début du mois de novembre. L’occasion à chaque fois d’en faire l’étalage dans la presse ou sur les réseaux sociaux et de proposer l’image d’une écologie proche du monde agricole.

Pourtant, toute cette agitation soudaine auprès des agriculteurs soulève la méfiance de la majorité de la profession, plutôt habituée aux vives critiques de ce parti politique et aux tentatives de nuire de ces dernier lors des votes à l’assemblée Nationale.

En octobre, des élus d’EELV s’étaient même rendus au Sommet de l’élevage à Cournon-d’Auvergne. Dans un article de France Info, on apprenait qu’un député européen des verts tentait de « déconstruire » la mauvaise image que le monde agricole a pu se faire des écologistes. Pour ce faire, il accoste des éleveurs et leur parle de protectionnisme vis à vis des produits étrangers pour garantir les ventes du fruit de leur travail.

Pour autant, les éleveurs sont restés méfiants face à cette opération séduction alors que Benoît Biteau, eurodéputé des verts, affirmait que « Jamais chez les écologistes, on a parlé d’abolition d’élevages. »

Se montrer aux côté des agriculteurs pour mieux les remplacer?

L’objectif est-il de convaincre les agriculteurs ou de se positionner comme des experts de l’agriculture moderne? Une question qui se pose lorsqu’on observe le comportement des écologistes et leurs actions.

D’un côté, Marine Tondelier affirmait il y a encore quelques temps que l’écologie se devait d’être radicale sans parler de Sandrine Rousseau dont chacun connaît l’opinion.

Cette radicalité inclut donc la destruction des retenues d’eau mises en place par les agriculteurs, la transformation obligatoire de toutes les exploitations vers le bio, l’interdiction pure et simple de tous les produits phytosanitaires, sans parler des réglementations toujours plus dures à mettre en place dans les fermes.

D’un autre côté, les écologistes s’affichent fièrement au chevet de certains agriculteurs, affirmant qu’ils souhaitent leur apporter des financements, faciliter leur quotidien et modifier les lois pour leur assurer des revenus.

Ces deux comportements contradictoires ont rapidement mis la puce à l’oreille des agriculteurs qui observent la mascarade et ne sont pas dupes.

Finalement, c’est dans un tweet de Marine Tondelier, Secrétaire nationale d’EELV, que la stratégie des verts transparaît peut-être le plus.

Nous devons remettre de l’humain dans nos campagnes ! Nous souhaitons installer massivement des agriculteurs et agricultrices, les former, leur garantir une transmission des fermes et surtout leur garantir un revenu digne ! La ferme de Sophie et Frédéric est un bel exemple. pic.twitter.com/bvRRCkVJZq

— Marine Tondelier (@marinetondelier) November 14, 2023

Dans cette suite de messages qu’elle rédige lors de sa visite d’une ferme dans l’Aisne aux côtés d’autres écologistes comme Yannick Jadot, elle indique donc que les verts veulent « installer massivement des agriculteurs et agricultrices, les former, etc. »

La cible n’est donc finalement pas le monde agricole actuel mais l’opération séduction s’adresse en réalité aux néo-ruraux et à tous les urbains qui se rêvent agriculteurs.

Les agriculteurs ont des entreprises à faire tourner mais les écologistes rêvent en réalité de petits producteurs locaux et qui ne font que du bio. A peu de chose près, la biodynamie serait-elle aussi mise en avant dans le programme des verts pour les agriculteurs et c’est là qu’on se rend compte du décalage malgré les apparences.

Les Écologistes ont changé de nom et veulent faire croire que leurs idées aussi sont nouvelles. Ce n’est pas totalement faux car au lieu de dire aux agriculteurs comment faire leur travail, les verts ont changé leur fusil d’épaule et souhaitent manifestement les remplacer.