L’intégration d’électronique dans les optiques pour chasse n’est plus une nouveauté, en revanche elle ne concerne actuellement que le très haut de gamme et de ce fait n’est pas accessible à toutes les bourses. C’est ce qu’entend changer SigSauer Electro optics.
La division optique du géant SigSauer, créée il y a quelques années seulement, commence à se faire une place en France, notamment avec ses points rouges tels que le ROMEO 4H ou ROMEO 3, qui se vendent bien pour la chasse. En revanche SigSauer Electro Optic est moins connu pour sa gamme de lunette de tir. En effet seule une référence actuellement distribuée par l’importateur, la SIMAC, est véritablement adaptée à la chasse : la WHISKEY3 4-12×50. Cela risque fort de changer…
Début octobre nous avons eu le privilège d’être conviés par la SIMAC et SigSauer à la présentation du tout nouveau système BDX (Ballistic Data Change). Le BDX système est un système de télémesure qui unit le télémètre laser KILO1800 BDX aux 2 nouvelles lunettes sierra BDX 4.5-14×50 et Sierra3 BDX 6.5-20×52 afin de pouvoir tirer sans correction manuelle jusqu’à 750m. Pour cette présentation presse, en présence de presque 10 journalistes venus de l’Europe entière, SigSauer n’a pas fait les choses à moitié, puisque le groupe allemand nous a invités à chasser le cerf sika en Irlande 3 jours ! Nous vous préparons un très bel article sur cette chasse d’ici peu de temps, mais d’ici là concentrons-nous sur le BDX System.
UN SMARTPHONE, UNE LUNETTE ET UN TÉLÉMÈTRE
Le BDX system est une technologie à lui tout seul, c’est pour cela que les nouvelles optiques qui l’embarquent chez SigSauer porteront à présent toujours ces 3 lettres dans leur dénomination commerciale.
Le principe de fonctionnement est assez simple. Munissez-vous du télémètre KILO1800 BDX, munissez-vous d’une lunette Sierra 3 BDX et couplez les 2 ensemble via le Bluetooth de votre smartphone (et évidemment de l’appli BDX). On dit qu’il faut alors « pairer » les 2 éléments, cela ne prend que quelques minutes.
Une fois la connexion établie entre vos 2 outils, il convient de passer un peu de temps à entrer les données balistiques de votre balle. En effet le BDX system prend en compte comme facteur principal bien entendu la distance mesurée avec le télémètre, mais également le calibre, le poids, la vélocité, le coefficient balistique de votre balle. Trop compliqué allez-vous nous dire ? Pas si SigSauer a pensé à cela, et a intégré une large palette de balles déjà pré-enregistrées. Il suffit alors de trouver la vôtre dans la liste et le tour est joué, le cas échéant ce genre d’info se trouve généralement sur la boite de balle. Il faut aussi penser à zéroter sa lunette et indiquer à quelle distance cela a été fait, en général à 100m.
Dernière donnée à la fois capitale et complexe à pouvoir entrer dans le smartphone : la vitesse et le sens du vent. Pour cela 2 méthodes, soit vos disposez d’un petit appareil de mesure (de n’importe quelle marque) qui vous donnera la direction et la force, soit vous l’estimez… Nous verrons en pratique que ce point n’est pas que simple, et il oblige à avoir son téléphone sur soi pour entrer les données, tandis que si vous corrigez de vous-même en latéralité pour compenser le vent, il n’est pas utile de partir chasser avec son smartphone. En effet, les données balistiques de la balle restent enregistrées dans la lunette. Celle du vent aussi pourrait rester enregistrée dans la lunette, mais il y a peu de chance que ce dernier soit le même à votre voiture qu’à 2500m d’altitude, c’est pourquoi il faut entrer les données à chaque fois que le vent change. Possible au stand de tir, compliqué à la chasse.
SUR LE TERRAIN – BDX
Le BDX system, vous l’aurez compris, est destiné aux chasseurs à l’approche ou à l’affût, à fortiori en montagne ou à l’étranger. En effet l’utilisation lunette + télémètre permet de tirer à pas moins de 750m sans correction, du moins sans correction manuelle comme expliqué ci-dessus.
Le principe est le suivant : identifiez votre animal, mesurez la distance qui vous sépare à l’aide du télémètre, appuyez sur un seul bouton (celui qui permet de prendre la mesure) et le tour est joué. Le télémètre communique cette distance à votre optique qui va calculer automatiquement la flèche de la balle et donc la correction à apporter. Le point lumineux bleu présent sur la lunette s’affiche en fixe quand la lunette a bien enregistré la mesure télémètre, le cas échéant le point est clignotant.
Le point rouge lumineux, présent initialement au centre de votre croix, va alors se déplacer sur l’axe longitudinal. Concrètement, votre point rouge va descendre, ce qui va avoir pour effet de tirer plus haut, car dans tous les cas c’est le point rouge qu’il faudra mettre au défaut de l’épaule, et non plus le centre de la croix. À noter qu’une bague de réglage présente sur la lunette permet de régler le parallaxe, et ainsi assurer un tir encore plus précis. Il suffit de la tourner par tranche de 100m.
Un peu plus compliqué maintenant, la correction quand il y a du vent. Au stand de tir, en Irlande, il a fallu que Joe, le chef produit américain de chez SigSauer soit un peu patient, car on n’a pas tout compris tout de suite ! « It makes, sens ? », nous a-t-il répété plusieurs fois 😉 En vrai il faut juste comprendre le principe, que l’on vous explique : si vous avez entré une mesure de vent, un second point rouge lumineux va apparaitre sur l’axe transversal. Il faut alors interpréter la croisée entre ses 2 points rouges pour tirer là il faut. En effet, aucun point rouge ne peut se « balader » ici et là à l’intérieur de votre lunette, ils doivent suivre des axes.
Comme évoqué ci-dessus, en plus du fait qu’il faille mesurer le vent à notre avis pile au moment du tir, cela demande une certaine gymnastique au niveau de l’utilisation de l’optique. Autant parfois on dispose de beaucoup de temps pour tirer, autant parfois il faut faire vite. À moins de conditions très particulières, nous avons trouvé que la correction en hauteur est juste ultra efficace, prend moins de temps à être utilisé et suffit déjà amplement.
Nous avons eu la chance de prélever 1 cerf sika durant notre essai du BDX et avons joué le jeu bien évidemment d’utiliser le télémètre. Mesurée à 170m, la balle est parfaitement placée, un poil en arrière mais c’est la faute du tireur. Alors bien sûr à cette distance on aurait pu tirer sans, mais nous aurions pu tout aussi bien tirer un goat (sorte de chèvre sauvage) à 400m l’instant d’avant, et là pour un non initié au tir à longue distance ce n’est pas du tout la même musique… Dommage, aucune occasion de tir ne s’est présentée, mais au vu des résultats de certains de nos collègues étrangers, ça fonctionne « du feu de dieu » !
Un petit mot sur la lunette SIERRA3. Nous avions pour notre part une 6.5-20×52. La qualité de l’optique est vraiment bonne, cela ne fait aucun doute, même au grossissement maximum. En revanche, en condition de très faible luminosité, la 4.5-14×50, malgré une ouverture un tout petit peu plus petite, aurait à notre sens été un peu plus claire. Nul doute que les chasseurs s’orienteront plutôt vers ce modèle, plus polyvalent que la 6.5-20 qui est vraiment utile pour les très très grandes distances, voire le tir sportif davantage.
CONCLUSION
Le BDX système est assurément un outil fiable et utile. Honnêtement, nous ne tirons quasiment jamais au delà de 200 à 250m, et encore, mais le fait d’avoir entre les mains cet outil nous a véritablement donné envie d’explorer de nouveaux modes de chasse tels que l’approche en montagne par exemple. Le BDX system rend vraiment simple les tirs à longue distance et peut ouvrir la porte à de nouveaux horizons pour des chasseurs qui ne sont pas spécialement habitués.
De plus, sans aller chasser l’isard ou l’ibex, lors de vos sorties d’affût, l’utilisation du BDX sera plaisante à n’en pas douter. Qui ne voudrait pas « calotter » un beau goupil à 280m, ou un beau brocard à 300m ? Certains diront, on le sait d’avance, « ce n’est plus de la chasse ». Cet argument est peu recevable dans la mesure où la chasse c’est pister l’animal, attendre l’animal, appeler l’animal, mais en aucun cas blesser l’animal. Et si le BDX peut vous permettre d’être plus précis, alors oui c’est de la chasse ! Et puis libre à chacun de l’utiliser ou non.
Pour finir, et c’est là un argument majeur du BDX, le prix. Là où ce genre d’optique vaut plus de 3000€ chez les confrères germaniques ou américains par exemple, le pack complet pour la SIERRA3 BDX 3.5-10×42 (le modèle importé par la SIMAC avec la 6.5-20×52) + le télémètre Kilo1800 BDX sera vendu 1630€ (950€ la lunette et 680€ le télémètre séparément) prix public conseillé.
Législation : la loi interdit les dispositifs permettant de corriger automatiquement le tir comme le rappelle l’ONCFS sur son site. Néanmoins si la lunette SIERRA 3 n’est pas connectée au télémètre, elle est tout à fait légale. Cela permet donc pour les chasseurs qui chassent à la fois en France, mais aussi à l’étranger, de conserver l’usage de leur optique dans tous les cas de figure. |
Dispo début 2019 auprès de la SIMAC.